L’anorexie mentale se classe troisièmement parmi les maladies chroniques les plus fréquentes durant l’adolescence, juste après l’obésité et l’asthme. Elle se manifeste par un refus volontaire de s’alimenter, une chute significative du poids et une perception déformée de son propre corps. Les premiers symptômes peuvent être discrets, d’où l’importance d’une vigilance commune entre les familles, les soignants et les éducateurs. Cet article propose des pistes pour détecter les signaux d’alarme, comprendre le processus de diagnostic et saisir les principaux aspects de la prise en charge.
Quels indices peuvent signaler l’anorexie mentale chez les adolescents ?
L’installation de l’anorexie mentale chez un adolescent peut être progressive et subtile. Néanmoins, certains comportements initialement bénins doivent alerter l’entourage.
Modification des comportements alimentaires
Il arrive que l’adolescent commence soudain à suivre un régime, prétendument pour « manger sainement », excluant les nourritures grasses ou sucrées, sélectionnant ou cachant certains aliments, prenant des repas prolongés ou utilisant excessivement des condiments. Il peut aussi se montrer excessivement intéressé par les sujets de nutrition ou de cuisine, tout en évitant de manger avec les autres. Cette obsession s’accompagne souvent du comptage des calories, d’une consommation excessive d’eau ou, dans certains cas, de vomissements auto-induits et de l’utilisation de laxatifs.
Une recherche de contrôle excessif
Le corps devient l’objet d’un contrôle incessant : pesées fréquentes, critiques de certaines parties du corps, obsession de l’image et de la performance. L’exercice physique devient prépondérant, souvent sous forme de sessions répétées de sport intensif. Le poids diminue rapidement, parfois sans que l’adolescent n’en exprime d’inquiétude.
Conséquences sur le corps et la vie quotidienne
Les manifestations physiques incluent une perte de poids notable, une sensation de froid constante, de la fatigue, un teint pâle, une perte de cheveux et une fine couche de duvet sur le corps. Les troubles digestifs sont fréquents, notamment la constipation. Sur le plan psychologique, on remarque un repli sur soi, un isolement croissant et un surinvestissement dans les études.
Diversité des symptômes selon les individus
Chez les plus jeunes, les symptômes peuvent se manifester par des douleurs abdominales, une peur de vomir ou un refus de manger. Chez les garçons, le trouble peut plutôt se traduire par une quête d’un corps musclé plutôt que par une perte de poids. Il est important de noter que tous ces symptômes ne sont pas systématiquement présents chez tous les adolescents souffrant de troubles alimentaires.
Comment est établi le diagnostic d’anorexie mentale ?
Le diagnostic est basé sur l’évaluation d’une série d’indices cliniques, comportementaux et biologiques. Il peut être posé par un médecin généraliste, un pédiatre ou un psychiatre.
L’entretien médical : une étape cruciale
La consultation commence par un entretien détaillé, d’abord avec l’adolescent seul, puis avec ses parents. Le médecin s’intéresse aux habitudes alimentaires, à l’image corporelle, à l’activité physique et aux impacts sur la vie quotidienne. L’objectif est de déceler les comportements indicatifs d’un trouble alimentaire.
Examen clinique approfondi
- Mesure du poids, de la taille et calcul de l’IMC.
- Prise de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque (position couchée et debout).
- Examen des signes de malnutrition : peau sèche, chute de cheveux, ongles cassants.
- Détection de signes d’automutilation, de lanugo, d’acrocyanose (extrémités bleuâtres).
- Chez les filles, vérification de la date des dernières menstruations.
Examens complémentaires
Des analyses sanguines sont souvent requises pour vérifier l’état nutritionnel (électrolytes, phosphore, vitamines, fonction hépatique). Un électrocardiogramme (ECG) peut être nécessaire en cas de déséquilibre électrolytique ou avant de commencer un traitement médicamenteux. Si la maladie perdure, une densitométrie osseuse pour évaluer la densité osseuse peut être envisagée.
Le diagnostic de l’anorexie mentale ne repose pas sur un seul symptôme, mais sur l’ensemble des signes physiques, psychiques et comportementaux observés. Une fois le diagnostic confirmé, il permet de mettre en place une prise en charge appropriée.
Quelles sont les étapes de prise en charge après le diagnostic ?
L’engagement dans le traitement peut être difficile : pour beaucoup de jeunes, le trouble constitue une partie de leur équilibre précaire, leur offrant un sentiment de contrôle. Cette ambivalence peut compliquer le début du traitement. Le rôle des familles et des soignants est d’accompagner le patient avec douceur.
Accompagnement médical et soutien familial
Les consultations sont fréquentes, parfois hebdomadaires, pour surveiller l’état général de l’adolescent, suivre l’évolution du poids et ajuster le traitement. L’implication des parents est cruciale pour établir un environnement sécurisant et soutenir les modifications alimentaires. L’objectif initial est de stopper la perte de poids, avant de pouvoir envisager une reprise de poids.
Une équipe pluridisciplinaire pour un suivi personnalisé
Selon les besoins, divers professionnels peuvent être impliqués :
- Un pédopsychiatre en cas de symptômes sévères, de pensées suicidaires ou de troubles psychiatriques associés (dépression, anxiété, etc.).
- Un diététicien spécialisé dans les troubles alimentaires pour ajuster progressivement le régime alimentaire.
- Un psychologue pour travailler sur l’image de soi ou pour mener une thérapie familiale.
- Des spécialistes des approches corporelles (psychomotricité, kinésithérapie, art-thérapie, ergothérapie).
Quand envisager une hospitalisation ?
Si l’état de santé se détériore significativement (perte de poids importante, troubles biologiques, idées suicidaires), une hospitalisation peut être envisagée, en accord avec la famille. Cela permet de gérer les risques vitaux et de relancer la dynamique de soins si le suivi ambulatoire s’avère insuffisant.
L’anorexie mentale est une condition complexe souvent difficile à détecter. Un diagnostic précoce améliore l’efficacité de la prise en charge. Une vigilance partagée entre les familles, les professionnels de santé et l’équipe éducative est cruciale pour repérer les signes à temps. Bien que le chemin vers la guérison puisse être long, il est réalisable grâce à un accompagnement global, empathique et coordonné.
Pour plus d’informations ou de soutien, le numéro fils santé jeunes 0800 235 236 (anonyme et gratuit) est disponible tous les jours de 9 h à 23 h.
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