Bras droit ou bras gauche ? Une récente recherche en Australie a révélé que la réaction immunitaire est accélérée lorsque le rappel vaccinal est administré dans le même bras que celui utilisé pour la première vaccination. Voici une analyse approfondie de cette étude réalisée sur des souris et des humains.
Présentation rapide de la vaccination et de son protocole
La vaccination est une mesure préventive médicale qui vise à activer les défenses immunitaires du corps par l’administration d’un vaccin.
Le concept de la vaccination est direct : il s’agit d’introduire une version affaiblie ou inactive d’un agent pathogène (bactérie ou virus) ou de certains de ses éléments au sein de l’organisme pour le préparer à une future rencontre avec cet agent. Pendant la vaccination, le corps forme des cellules immunitaires « mémoire », prêtes à identifier l’agent pathogène lors d’une future infection. Cette reconnaissance permet au corps de lancer une réponse immunitaire rapide et efficace.
Pour le COVID-19, les vaccins à ARN fonctionnent en introduisant un ARN messager qui code pour la protéine Spike du coronavirus SARS-CoV-2. Cette protéine est essentielle pour que le virus s’attache et infecte les cellules. L’ARN messager, instable, ne persiste pas dans l’organisme, qui produit temporairement la protéine Spike pour préparer le système immunitaire à une infection virale réelle.
Les vaccins aident à prévenir les infections et les maladies en provoquant la production d’anticorps neutralisants par les plasmocytes et la création de lymphocytes B mémoires au sein du système immunitaire.
Un protocole vaccinal comprend l’ensemble des doses et rappels nécessaires pour garantir l’efficacité et la pérennité de la protection vaccinale.
Cela inclut :
- Le nombre de doses nécessaires;
- Les âges et les intervalles recommandés entre chaque dose;
- Les rappels pour maintenir l’immunité au fil du temps.
Interaction cruciale entre macrophages et lymphocytes B
Ce sont des chercheurs, avec l’aide des équipes de l’Institut Garvan de recherche médicale et de l’Institut Kirby de l’UNSW Sydney, qui ont initialement décrit chez la souris le processus biologique qui se produit dans le ganglion lymphatique lors des rappels vaccinaux.
Quelles conclusions tirer ?
La réponse immunitaire est plus prompte lorsque le rappel est effectué dans le même bras que la vaccination initiale. En effet, on observe une élévation plus rapide du niveau d’anticorps protecteurs, grâce à une stimulation accrue des lymphocytes B mémoire par les macrophages du ganglion drainé.
Les chercheurs ont découvert que les lymphocytes B mémoire se déplacent vers la périphérie du ganglion local, où elles interagissent étroitement avec les macrophages résidents. Lors d’un rappel dans le même bras, les macrophages préalablement sensibilisés capturent efficacement l’antigène du vaccin et activent les cellules B mémoire avoisinantes, déclenchant ainsi une production d’anticorps.
En conséquence, la qualité et la quantité de la réponse immunitaire lors d’une seconde immunisation étaient nettement meilleures lorsqu’elle était réalisée du même côté,
« Les macrophages sont reconnus pour leur capacité à engloutir les pathogènes et à éliminer les cellules mortes, mais notre étude suggère qu’ils jouent également un rôle crucial dans la coordination d’une réponse vaccinale efficace lors de la vaccination suivante. Ainsi, le choix du site d’injection est significatif », explique Rama Dhenni, chercheuse à l’Institut Garvan et co-auteure principale de l’étude.
Stratégies en période de pandémie et développement de vaccins de nouvelle génération
Après l’étude sur les souris, les scientifiques ont examiné la réponse immunitaire de 30 volontaires suite à un rappel Covid avec le vaccin ARNm de Pfizer. 20 personnes ont reçu la dose dans le même bras que la première, tandis que les 10 autres dans le bras opposé.
« Ceux qui ont reçu les deux doses dans le même bras ont produit des anticorps neutralisants contre le Sars-CoV-2 beaucoup plus rapidement, dès la première semaine », rapporte Alexandra Carey-Hoppé de l’Institut Kirby, également co-auteure principale.
Toutefois, les différences de protection disparaissent avec le temps : dès la quatrième semaine, les niveaux d’anticorps des deux groupes étaient similaires.
« Pendant une pandémie, les premières semaines de protection peuvent faire une grande différence à l’échelle de la population », ajoute la co-auteure.
Outre le potentiel d’amélioration des recommandations vaccinales, ces résultats ouvrent des pistes prometteuses pour accroître l’efficacité des vaccins.
« Si nous réussissons à reproduire ou à améliorer les interactions entre les lymphocytes B mémoires et ces macrophages, nous pourrions concevoir des vaccins de nouvelle génération nécessitant moins de rappels », souligne Tri Giang Phan, un des responsables de l’étude.
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