En 2024, une enquête d’ampleur nationale a été réalisée impliquant 1 288 établissements de soins pour personnes âgées dépendantes (EHPAD), touchant plus de 102 000 résidents. Orchestrée par Santé publique France, l’objectif de cette recherche était de déterminer la fréquence des infections liées aux soins (ILS) et de scruter l’emploi des antibiotiques au sein de ces structures en France. Les conclusions, dévoilées en mai 2025, offrent une meilleure compréhension de la situation actuelle et dévoilent des pistes d’amélioration tangibles.
Réduction significative des infections liées aux soins dans les EHPAD
Les infections liées aux soins (ILS) sont celles qui surviennent pendant ou après le traitement d’un patient dans un établissement de santé, et qui n’étaient pas présentes à l’admission. Elles peuvent être causées par des procédures médicales invasives (comme la mise en place d’une sonde, une perfusion, une intervention chirurgicale) ou des transmissions entre humains (par exemple lors d’une flambée de grippe ou de Covid-19).
En 2024, la prévalence des ILS chez les résidents d’EHPAD a été estimée à 2,35 %, contre 2,93 % en 2016. Cette diminution illustre les avancées en termes de prévention et d’hygiène.
Les infections les plus courantes sont :
- Les infections respiratoires (36,2 %) ;
- Les infections urinaires (31,7 %) ;
- Les infections cutanées (25,8 %).
Chez les seniors, souvent plus vulnérables, ces infections peuvent rapidement devenir graves. Plusieurs facteurs de risque ont été clairement identifiés :
- Âge avancé (85 ans et plus) ;
- Chirurgie ou hospitalisation récente ;
- Perte d’autonomie ;
- Présence d’escarres ;
- Incontinence ;
- Utilisation de dispositifs médicaux invasifs.
Ces informations soulignent l’importance d’un suivi rigoureux et d’une vigilance accrue pour prévenir les complications.
Une gestion des antibiotiques à améliorer
L’enquête a également examiné la prescription d’antibiotiques (ATB). En 2024, 2,87 % des résidents ont reçu un traitement antibiotique, un taux similaire à celui de 2016 (2,76 %).
- 86 % des antibiotiques ont été administrés par voie orale ;
- Les prescriptions à but préventif (prophylaxie) ont augmenté, passant de 13,6 % à 22 % sur huit ans ;
- La réévaluation du traitement dans les trois jours n’est réalisée que dans 31,8 % des cas.
Cette situation révèle des pratiques encore inégales entre les établissements. Un meilleur encadrement des prescriptions contribuerait à limiter les traitements inappropriés, réduisant ainsi le risque d’antibiorésistance.
La réévaluation de l’antibiothérapie dans les 48 à 72 heures permet d’ajuster le traitement selon l’évolution clinique et les résultats des examens, offrant la possibilité de :
– Arrêter un traitement non nécessaire ;
– Raccourcir la durée si l’évolution est favorable ;
– Changer d’antibiotique si nécessaire.
Cette pratique limite les risques d’effets secondaires et de résistances bactériennes, tout en améliorant la qualité des soins.
Pistes d’amélioration pour la prévention des ILS en EHPAD
Au vu de ces observations, plusieurs recommandations ont été formulées pour perfectionner les pratiques :
- Instaurer une réévaluation systématique de l’antibiothérapie dans les 48 à 72 heures suivant son début ;
- Désigner un référent en antibiothérapie, en collaboration avec les médecins coordonnateurs ;
- Faciliter l’accès à une expertise en hygiène et mettre à jour les protocoles de prévention ;
- Améliorer la traçabilité des prescriptions et diagnostics grâce à l’informatisation ;
- Renforcer la formation continue du personnel sur les ILS et le bon usage des antibiotiques.
Les établissements dépourvus de ces outils affichent généralement une prévalence plus élevée d’utilisation d’antibiotiques, ce qui accroît le risque de bactéries multirésistantes.
Cette enquête met en lumière une amélioration globale de la situation sanitaire dans les EHPAD, marquée par une réduction notable des ILS. La prévention des infections et la bonne gestion des antibiotiques restent des défis cruciaux de santé publique, notamment dans les structures accueillant des personnes âgées. Il est vital de continuer à uniformiser les pratiques et de renforcer les systèmes de soutien afin de protéger la santé des résidents et de combattre efficacement l’antibiorésistance.
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