Imaginez que l’air respiré à l’intérieur des avions ne soit pas aussi pur qu’on le pense. Depuis quelques années, de nombreux personnels navigants et passagers rapportent des symptômes étranges suite à des voyages aériens. Ces troubles sont attribués au syndrome aérotoxique, une maladie associée à la contamination de l’air dans les cabines pressurisées. Longtemps négligée, cette condition est désormais au centre de préoccupations scientifiques et légales.
Définition du syndrome aérotoxique
Le syndrome aérotoxique se caractérise par une série de symptômes qui se manifestent suite à l’inhalation de substances chimiques potentiellement nocives présentes dans l’air des cabines d’avions. Cet air, qualifié de bleed air, est extrait directement des moteurs, exposant ainsi les passagers et l’équipage à des composés chimiques tels que les huiles ou les fluides hydrauliques, et notamment les organophosphorés tels que les TCP, qui sont neurotoxiques.
Les symptômes fréquemment observés comprennent :
- Maux de tête persistants;
- Troubles respiratoires;
- Problèmes digestifs;
- Vertiges, troubles de l’équilibre, tremblements;
- Confusions mentales ou pertes de mémoire;
Ces symptômes peuvent survenir soudainement ou se développer progressivement, rendant difficile leur diagnostic et la corrélation directe avec un vol spécifique.
Population à risque
Les pilotes, hôtesses de l’air et stewards sont les plus exposés en raison de leur contact fréquent avec l’air contaminé des cabines. Cette exposition répétée peut conduire à des symptômes graves, affectant leur capacité à travailler et entraînant parfois des arrêts maladie prolongés ou une inaptitude au vol.
Les passagers ne sont pas épargnés, bien que leur exposition soit généralement plus brève. Néanmoins, tout individu dans l’avion peut inhaler des contaminants. Les personnes âgées, les enfants, ou ceux ayant des prédispositions aux troubles respiratoires ou neurologiques, peuvent être particulièrement sensibles. Les effets peuvent être exacerbés par des vols longs ou fréquents.
Reconnaissance juridique et médicale du syndrome aérotoxique
L’existence du syndrome aérotoxique est de plus en plus reconnue sur le plan juridique et scientifique. En avril 2025, deux décisions importantes ont été prises à Toulouse :
- La cour d’appel a reconnu la faute inexcusable de la compagnie EasyJet suite à la plainte d’un pilote affecté par des fumées de réacteur;
- La CPAM de la Haute-Garonne s’est vue condamnée pour avoir nié la reconnaissance du syndrome comme une maladie professionnelle.
Les juges ont confirmé l’exposition aux TCP et basé leur verdict sur des études scientifiques et des observations cliniques consistentes. Ces jugements pourraient créer un précédent important alors que d’autres enquêtes sont en cours.
En septembre 2024, l’Anses a admis que bien que le syndrome ne soit pas encore clairement défini médicalement, les événements de contamination étaient réels. Elle recommande d’intensifier les recherches et de mettre en place des systèmes plus robustes pour le suivi des expositions.
Des fabricants comme Boeing aux États-Unis et Liebherr-Aerospace en Europe ont commencé à développer des technologies qui évitent l’utilisation du bleed air. Ces innovations pourraient changer la donne, influencées par la pression des associations et les récentes avancées judiciaires, pour garantir non seulement la santé publique mais également la sécurité des vols.
Cet article sur le syndrome aérotoxique a été initialement publié sur Santé sur le Net, votre source d’information médicale de confiance.
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