Une récente recherche aux États-Unis a établi un lien entre la contamination de l’eau potable par les substances chimiques PFAS (per- et polyfluoroalkylées) et l’augmentation des cas de cancer dans la population américaine. Qu’est-ce que les PFAS et quelles sont les conclusions essentielles de cette étude menée par l’université de la faculté de médecine Keck de Los Angeles ?
Étude de Radio France en 2024 sur les PFAS dans l’eau potable en France
Bien que notre alimentation représente la source principale d’exposition aux PFAS, surnommés « polluants éternels », l’eau potable demeure également une voie d’exposition significative, particulièrement pour ceux qui résident près d’une source de PFAS. Ces sources incluent des industries ou des services tels que le traitement des métaux, la production de peintures et de lubrifiants, la fabrication de revêtements comme le téflon, la production de papier, les centres de formation pour pompiers utilisant des mousses anti-incendie, et les aéroports.
À l’heure actuelle, seulement 20 PFAS sont listés dans la directive sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (EDCH), et leur surveillance systématique ne sera obligatoire qu’à partir du 1er janvier 2026. Toutefois, depuis le 1er janvier 2023, cette surveillance est obligatoire là où la présence de PFAS a été précédemment confirmée par les autorités.
La norme actuelle est fixée à 100 ng/L pour les eaux destinées à la consommation humaine (ECDH) et à 2 000 ng/L pour les eaux brutes utilisées pour leur traitement.
En septembre 2024, Radio France, en collaboration avec les antennes locales de France Bleu, a collecté et analysé des échantillons d’eau potable dans environ 89 villes françaises.
Les 20 PFAS mentionnés dans la directive EDCH ainsi que 5 autres PFAS jugés problématiques ont été testés. Les résultats ? 43 % des échantillons analysés contenaient des quantités mesurables de PFAS, avec 27 échantillons révélant des PFAS interdits ou classés comme cancérogènes. Cinq échantillons présentaient des niveaux préoccupants, dont trois dépassant la future norme européenne (à Martres Tolosane en Haute-Garonne, Cognac et Saint Symphorien d’Ozon, au sud de Lyon).
Des études menées par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sont en cours pour déterminer plus précisément le niveau de contamination en France et pour établir des seuils réglementaires pour leur utilisation.
Lien entre cancer et PFAS dans l’eau révélé par une étude américaine
Il est reconnu que les PFAS s’accumulent dans l’environnement et dans notre corps. Une étude de Santé publique France indique que 99 % des Français ont des traces de PFAS dans leur sang. Les impacts sur la santé sont divers, incluant des perturbations endocriniennes, des risques cancérigènes avérés ou potentiels, des dysfonctionnements métaboliques affectant notamment le cholestérol, ainsi que des effets sur le système immunitaire, le foie, les reins, la fertilité et le développement fœtal.
Une étude financée par le National Health Institutes (NIH) et publiée dans la revue Journal of Exposure Science & Environmental Epidemiology révèle que les Américains exposés à de l’eau potable contenant des PFAS (45 % des échantillons d’eau potable aux États-Unis) voient leur risque de cancer augmenter jusqu’à 33 %, incluant certains types de cancer rares.
Les PFAS impliqués dans cette étude sont les PFOA, PFOS, PFHpA, PFHxS, PFNA et PFBS.
Les résultats de l’étude, couvrant la période de 2016 à 2021, montrent :
- Une augmentation de 2 à 33 % des cancers digestifs, endocriniens, cutanés, respiratoires et ORL;
- Une augmentation de 33 % des cancers ORL en cas de contamination au PFBS;
- Une augmentation de 28 % des cancers de la thyroïde associés aux PFNA.
Les différences selon le sexe étaient également notables, les hommes étant plus affectés par les leucémies, et les cancers du système urinaire et du cerveau, tandis que les femmes étaient davantage sujettes aux cancers ORL et de la thyroïde.
Actions contre la contamination par les PFAS dans l’eau en France
Pour le Haut Conseil de la santé publique, il est crucial de divulguer les niveaux de contamination de toutes les eaux de boisson.
« Il est essentiel de publier au plus vite les concentrations de PFAS cibles (et autres polluants émergents) détectées dans les eaux embouteillées et toutes autres boissons, a-t-il préconisé. Une synthèse nationale trimestrielle doit être établie concernant les données PFAS dans les ressources en eau utilisées pour la production des EDCH et dans les eaux minérales naturelles (EMN) destinées à la consommation. Ces informations doivent aider à identifier les zones et territoires à risque prioritaire. »
En attendant les recommandations de l’ANSES sur la gestion de cette contamination dans les eaux potables, le Haut Conseil de la santé publique a mis en place de nouvelles mesures de vigilance. Ainsi, en complément de la limite de qualité de 100 ng/l pour la somme des concentrations des 20 PFAS de la directive Eau potable, il suggère une surveillance particulière pour quatre PFAS : le PFOA, le PFOS, le PFNA et le PFHxS.
Pour ces derniers, il est recommandé de respecter une valeur seuil provisoire de 20 ng/l pour la somme des concentrations dans les ECDH et les EMN.
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