Environ 80 % des personnes seront en contact avec les Papillomavirus humains (HPV) au cours de leur existence. Ces virus, extrêmement contagieux, sont à l’origine de verrues génitales et sont également liés à l’augmentation du risque de certains types de cancer. Bien qu’un vaccin efficace existe pour prévenir les infections par certains HPV, les mécanismes de progression de l’infection restent partiellement inexplorés. Une étude longitudinale récente, publiée dans la revue Plos One, a fourni de nouvelles perspectives sur ce sujet.
De la verrue génitale aux lésions cancérogènes
Une grande partie de la population mondiale est exposée aux virus HPV au moins une fois dans sa vie, souvent dès les premières expériences sexuelles. Tandis que chez certains, l’infection se limite à une verrue génitale, chez d’autres, elle peut persister et provoquer des lésions précancéreuses, voire cancéreuses. Les infections persistantes par les HPV sont responsables de la majorité des cas de cancer du col de l’utérus chez les femmes, ainsi que de nombreux cas de cancers ano-génitaux et de cancers oropharyngés chez les deux sexes.
Dans la plupart des cas, l’infection par les HPV se résout d’elle-même en moins de deux ans après l’exposition. Cependant, chez environ 10 % des personnes, l’infection devient chronique. Quels sont les mécanismes derrière ces différences dans l’évolution de l’infection? Pour le comprendre, une équipe de chercheurs français a réalisé l’étude PAPCLEAR de 2016 à 2020, suivant 189 femmes âgées de 18 à 25 ans, examinées tous les deux mois.
Des évolutions variables selon les personnes
Lors de l’étude, un tiers des participantes n’ont jamais été infectées par les HPV durant la période observée. À chaque visite, un frottis cervico-utérin était réalisé pour détecter la présence des HPV, accompagné d’analyses immunitaires.
L’analyse des résultats a révélé que l’infection par les HPV suit trois phases distinctes :
- une phase d’accroissement rapide juste après l’infection ;
- une phase de plateau durant entre 13 et 20 mois ;
- une phase d’élimination aboutissant à la guérison.
Cependant, cette progression varie significativement d’une personne à l’autre, en fonction du type de HPV et de facteurs individuels. Certaines femmes avaient une phase de plateau prolongée tandis que d’autres éliminaient rapidement le virus. Cette variabilité semble être influencée par l’immunité locale. L’activation de certaines réponses immunitaires au niveau du col de l’utérus jouerait un rôle clé dans l’évolution de l’infection. Ces découvertes sont cruciales pour affiner les stratégies de dépistage, notamment via le frottis cervico-utérin, chez les femmes non vaccinées durant l’adolescence.
La vaccination : une protection optimale contre les HPV
La vaccination demeure la meilleure défense contre les HPV. Il existe un vaccin efficace contre les types de HPV oncogènes, ceux pouvant causer des lésions cancéreuses. Elle est recommandée pour tous les jeunes de 11 à 14 ans, avec un protocole de deux doses espacées d’au moins six mois. Une vaccination de rattrapage est possible jusqu’à l’âge de 19 ans pour les jeunes et jusqu’à 26 ans pour les hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes.
Cette vaccination, sûre et efficace, pourrait, avec une couverture vaccinale adéquate, réduire significativement l’incidence des cancers associés aux HPV, notamment le cancer du col de l’utérus, en neutralisant les différences individuelles dans l’évolution de l’infection et en offrant une protection durable contre les HPV et les cancers qui leur sont liés.
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