La possibilité de traiter une dépression résistante aux médicaments grâce aux ultrasons semble prometteuse. Une récente recherche menée par une équipe de scientifiques et de médecins français présente des résultats encourageants concernant l’usage de la stimulation transcrânienne par ultrasons pour cette condition. Analysons ensemble le déroulement et les résultats de cette étude, publiés dans la revue spécialisée Brain Stimulation.
Les troubles dépressifs représentent les affections mentales les plus répandues à l’échelle mondiale. Statistiquement, une personne sur cinq souffrira de dépression au moins une fois dans sa vie, une condition qui entraîne un risque accru de suicide, avec des milliers de décès chaque année en France à cause de cela.
En 2021, les données de Santé publique France indiquaient que 12,5 % des adultes entre 18 et 85 ans avaient été touchés par un épisode dépressif majeur durant l’année précédente.
Bien que les traitements médicamenteux aient progressé, certaines personnes avec une dépression sévère ne parviennent pas à améliorer leur état malgré la médication. On parle alors de dépression résistante. On estime que près d’un tiers des patients ne réagissent pas de manière adéquate aux traitements médicamenteux.
Pour les chercheurs, il est crucial de développer de nouveaux traitements offrant une efficacité et une rapidité supérieures aux options pharmaceutiques actuelles. La stimulation cérébrale profonde, notamment dans la région cingulaire subcalleuse, est l’une des approches envisagées pour traiter la dépression résistante.
Le grand défi pour la communauté scientifique est de pouvoir stimuler cette région profonde du cerveau sans recourir à des méthodes invasives comme la neurochirurgie.
Une avancée majeure après 25 ans de recherche sur la stimulation transcrânienne par ultrasons
L’étude s’est focalisée sur l’utilisation des ultrasons pour moduler l’activité des régions cérébrales profondes liées à la dépression, de manière non invasive.
Les chercheurs ont dû développer un appareil capable de concentrer les ultrasons avec une grande précision sur la zone cérébrale ciblée. La difficulté résidait dans le fait que les ultrasons peuvent être déviés par l’épaisseur inégale du crâne, rendant difficile leur focalisation précise.
Pour surmonter ce problème, l’équipe du GHU Paris-Sainte Anne, dirigée par le docteur Thierry Gallarda, a créé un dispositif portable équipé de lentilles acoustiques. Ces lentilles sont capables de concentrer les ultrasons avec la précision nécessaire tout en compensant les distorsions causées par le crâne.
De plus, ces lentilles acoustiques sont personnalisées pour s’adapter à la morphologie spécifique du crâne de chaque patient.
Ces recherches représentent le fruit de 25 ans d’études sur la focalisation des ultrasons à travers le crâne, incluant 15 ans sur la modulation de l’activité cérébrale par ultrasons et 7 ans de collaboration entre psychiatres et chercheurs.
C’est la première fois qu’il est possible de stimuler de manière ciblée, précise et non invasive les structures cérébrales profondes, comme la région cingulaire subcalleuse, avec un dispositif transportable.
Résultats cliniques et perspectives futures
Cinq patients atteints de dépression sévère résistante aux médicaments ont participé à cette étude clinique, qui visait à évaluer la sécurité et l’innocuité de cette thérapie. L’essai impliquait cinq jours de traitement consécutifs par ultrasons ciblant cette région du cerveau.
Les résultats initiaux sont très prometteurs : aucun événement indésirable grave n’a été rapporté et le traitement a été très bien toléré. Autrement dit, les patients n’ont ressenti aucune gêne ou douleur pendant ou après les sessions.
Pour mesurer l’efficacité de la stimulation, les chercheurs ont suivi les scores de sévérité de la dépression des participants. Les résultats ? Une réduction moyenne de 60% de la sévérité de la dépression a été observée au cinquième jour du traitement.
« Bien que ces résultats soient encourageants, ils doivent être interprétés avec prudence, étant donné qu’il s’agit d’une première étude de sécurité sur un nombre restreint de patients et sans groupe placebo », soulignent les chercheurs.
Les prochaines étapes consisteront à réaliser des études à plus grande échelle.
Si les bénéfices à long terme sont confirmés, la stimulation transcrânienne par ultrasons pourrait être intégrée dans les années à venir dans les services de psychiatrie, d’addictologie et de neurologie.
L’article original intitulé « Dépression résistante : un espoir grâce aux ultrasons » a été publié pour la première fois sur Santé sur le Net, offrant des informations médicales de premier plan.
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