Imaginez que la propolis, une substance créée par les abeilles à partir de résines végétales, puisse traiter l’acné. C’est avec cette hypothèse que des chercheurs de l’INSERM à Marseille ont découvert que certaines propolis originaires d’Afrique sont efficaces contre Cutibacterium acnes, la bactérie à l’origine des boutons d’acné. Voici une synthèse de leur étude.
Comprendre l’acné et ses traitements existants
L’acné est le trouble cutané le plus fréquent, touchant près de 80 % des adolescents durant la puberté, une phase caractérisée par des variations hormonales.
Alors que ce trouble cutané tend à diminuer vers la vingtaine, il persiste chez 54 % des femmes et 40 % des hommes dans la population adulte.
L’acné se présente sous différentes formes : points blancs, points noirs et lésions inflammatoires. Il est principalement lié à l’activité des glandes sébacées où réside C. Acnes. Ainsi, il apparaît surtout sur le visage, la mâchoire (principalement chez l’adulte), le cou, le torse et le dos.
Pour contrôler la croissance de Cutibacterium acnes, on peut utiliser des antibiotiques topiques (à appliquer sur la peau) ou oraux.
Les principaux traitements pour l’acné inflammatoire incluent l’érythromycine systémique et les tétracyclines.
Toutefois, l’usage prolongé des antibiotiques topiques et oraux a mené à une résistance généralisée, particulièrement dans les pays de l’Union européenne.
Depuis une dizaine d’années, certaines équipes de recherche en dermatologie explorent de nouvelles molécules potentielles pour réduire les lésions acnéiques.
Propriétés bénéfiques de la propolis
La propolis est une substance visqueuse produite par les abeilles à partir de résines végétales (bourgeons et écorces), utilisée notamment pour construire et réparer leur ruche.
Le terme « propolis » provient du grec, où « pro » signifie « devant » et « polis » veut dire « ville », se traduisant littéralement par « défense de la ville ». La propolis assure donc une protection mécanique et chimique de la ruche, la préservant des prédateurs et de diverses maladies.
Chaque propolis est unique, sa composition variant selon l’espèce d’abeille, la source végétale, les saisons de récolte et les conditions climatiques.
Les applications cliniques de la propolis sont nombreuses, notamment ses effets antioxydants, anti-inflammatoires et antimicrobiens. Récemment, ses propriétés apaisantes et cicatrisantes ont été mises en évidence pour le traitement des troubles dermatologiques.
Des découvertes encourageantes à valider par des études cliniques
À la recherche de nouvelles molécules antibactériennes efficaces, l’équipe de Jean-Michel Brunel à Marseille a analysé différents échantillons de propolis recueillis dans deux sites du Rwanda, une zone riche en biodiversité.
Les extraits de propolis rwandaise ont été testés in vitro contre C. acnes. Ils ont révélé deux molécules inhibant la croissance de cette bactérie : le 2,4-Di-tert-butylphénol (2,4-DTBP) et un acide gras, l’acide linoléique.
De plus, une pommade contenant du 2,4-DTBP a été développée, diminuant visiblement l’inflammation et le nombre de boutons chez les souris, suggérant des propriétés anti-inflammatoires efficaces contre C. acnes.
« Dans le cadre de nos recherches, grâce à une collaboration avec un dermatologue, certains patients ont pu tester une crème à base de cette propolis, constatant une réduction significative de leur acné en quelques jours », explique Jean-Michel Brunel dans un communiqué de l’INSERM. L’équipe cherche désormais un partenaire pharmaceutique pour réaliser un essai clinique sur l’homme afin d’évaluer la sécurité et l’efficacité de ces propolis et de leurs molécules anti-inflammatoires.
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