Précoces, empathiques et dotés d’une grande curiosité, les enfants à haut potentiel intellectuel (HPI) sont cependant souvent mal compris. Dans le milieu scolaire, ils peuvent rapidement se sentir en marge, ce qui peut conduire à l’ennui, l’isolement, voire le harcèlement et une baisse d’estime de soi. Comment peut-on mieux saisir leur réalité et les soutenir efficacement ? Christel Petitcollin, experte en surdouance et auteure de Mon enfant pense trop (Éd. Guitre et Daniel), nous offre des pistes de réflexion.
Un enfant est reconnu comme HPI si son quotient intellectuel est supérieur à 130. Toutefois, tous ne sont pas identifiés comme tels. « Certains présentent un profil inégal et ne se conforment pas aux normes habituelles, mais leur mode de pensée reste caractéristique des HPI, avec des réflexions diversifiées et complexes », souligne Christel Petitcollin.
Les parents sont souvent les premiers à observer ces singularités. « Ils remarquent que leur enfant est particulièrement curieux, vif et en avance sur certains plans. Cependant, tant que la scolarité se déroule sans accroc, ils ne voient pas l’utilité de procéder à un test d’évaluation. » Les complications surgissent lorsque l’enfant ne parvient plus à s’adapter au système scolaire traditionnel.
Des élèves qui remettent en question les conventions
Dans les classes, ces jeunes peuvent parfois déconcerter. Ils traitent souvent les adultes d’égal à égal, se détournent des jeux de groupe ou remettent en cause les règles établies. « Ils ont du mal avec les subtilités sociales, ce qui les rend difficiles à cerner pour les enseignants. »
Leur comportement peut aussi être perçu comme « insolent », simplement parce qu’ils ne perçoivent pas toujours les directives. De plus, leurs centres d’intérêt, souvent très éloignés de ceux de leurs pairs, accentuent leur marginalisation. « Ils peuvent être perçus comme ‘différents’, avec leurs passions pour les dinosaures ou la biologie, alors que d’autres enfants discutent de jeux vidéo ou de séries populaires. »
L’ennui, un véritable défi
« Lors d’un atelier, des enfants HPI m’ont confié : ‘Je m’ennuie tellement que je pourrais crier.’ » Pour aider les adultes à comprendre cette détresse, Christel Petitcollin propose une analogie frappante : « C’est comme être coincé dans une interminable réunion de copropriété. »
Pour ces enfants, l’école peut rapidement devenir une source de frustration. « Leur esprit est constamment en activité. S’ils ne sont pas régulièrement stimulés, ils perdent l’intérêt. »
Harcèlement, anxiété, suradaptation : des défis cachés
Souvent mal compris, ces enfants tendent à se suradapter. « Ils deviennent excessivement conciliants, s’effacent et développent un ‘faux self’ pour être acceptés. » Cette suradaptation peut engendrer de l’anxiété et une érosion de la confiance en soi.
Lorsqu’ils ne parviennent pas à se suradapter, ils peuvent aussi devenir des cibles de harcèlement. « Le harcèlement peut débuter dès la maternelle et se prolonger jusqu’à l’université. Dans mon cabinet, tous les adultes HPI que j’ai rencontrés ont été victimes de harcèlement. »
Un soutien encore insuffisant
Le test de QI, bien qu’onéreux, permet de poser un diagnostic, mais n’est pas nécessairement suivi d’un accompagnement adéquat. « Beaucoup d’enseignants pensent : ‘Il est surdoué, il n’a pas besoin de mon aide.’ Pourtant, ces enfants ont un besoin crucial de stimulation intellectuelle. »
Christel Petitcollin insiste : « Quelques ajustements simples pourraient faire toute la différence : leur expliquer le programme en détail, leur proposer des projets de recherche supplémentaires, leur donner du sens. » Certaines associations, comme l’AEHPI (Association pour l’Épanouissement des Hauts Potentiels Intellectuels), œuvrent pour sensibiliser les équipes éducatives à ces besoins spécifiques.
Des enfants en quête de sens… et de connexion
Pour qu’un enfant HPI s’épanouisse à l’école, deux éléments sont essentiels : « Il faut que le contenu des cours ait du sens pour lui, et que l’enseignant soit charismatique. » Sans ces conditions, l’enfant se désintéresse. Ce sont également des enfants qui apprennent en relevant des défis : « Il est important de leur proposer des challenges positifs et enrichissants. Autrement, ils sont prêts à se lancer dans des défis absurdes, voire dangereux, pour se faire remarquer. »
Comprendre leur fonctionnement est crucial. « Ce sont des enfants qui complexifient ce qui est simple et simplifient ce qui est complexe. Il est important de les aider à prendre conscience de cette particularité et à apprivoiser leur intelligence. Une fois qu’ils se sentent autorisés à être eux-mêmes, ils trouvent la sérénité. »
L’article La scolarité d’un enfant HPI : un parcours souvent complexe est initialement publié sur Santé sur le Net, l’information médicale au cœur de votre santé.
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