Depuis quelque temps, le trouble du déficit de l’attention (TDAH) est souvent mal interprété sur les plateformes sociales. Des informations erronées et des pseudo-experts diffusent des vidéos et des images prétendant diagnostiquer un TDAH chez les individus. Il est important de clarifier ce qu’est réellement le trouble de l’attention et d’examiner ses relations complexes avec les réseaux sociaux.
Qu’est-ce que le trouble du déficit de l’attention ?
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, connu sous l’acronyme TDAH, est un trouble neurodéveloppemental affectant 5% des enfants de moins de 18 ans et 3% des adultes. Ce trouble se manifeste par 18 symptômes possibles, dont trois principaux : le déficit d’attention, une hyperactivité motrice (difficulté à rester immobile) et l’impulsivité, se traduisant par des problèmes de patience et une tendance à interrompre autrui.
Le diagnostic de TDAH n’est confirmé que si les symptômes apparaissent durant l’enfance (avant 12 ans), perdurent (plus de six mois) et entravent significativement les apprentissages, les interactions sociales et la qualité de vie de l’enfant.
Des études ont montré que le TDAH est lié à :
- Une composante héréditaire et génétique ;
- Des facteurs de risque liés à la période prénatale et néonatale ;
- Un dysfonctionnement de certains circuits cérébraux responsables de la transmission d’informations ;
- Une possible carence en fer, aggravant les symptômes du TDAH lorsque celle-ci est marquée.
Selon le psychiatre Régis Lopez, expert du sommeil et du TDAH, cité par France Culture le 4 avril 2022 : « On estime que les origines du TDAH sont environ 80% génétiques et seulement 20% environnementales. Cela ne signifie pas que les enfants de personnes atteintes ont 80% de risques d’avoir un TDAH, mais plutôt que les causes sont principalement génétiques, ce qui explique pourquoi ce trouble est souvent familial. Le TDAH touche autant les milieux aisés que les milieux défavorisés, et concerne des individus de toutes les histoires familiales ».
Les réseaux sociaux et le TDAH : une relation complexe
Des études antérieures ont souvent suggéré une corrélation entre l’usage des médias numériques et l’intensité des symptômes de TDAH.
Une analyse systématique effectuée par des chercheurs suédois de l’institut Karolinska, utilisant les bases de données Web of Science et PsycInfo, a inclus 28 études sur le sujet. Les résultats indiquent des liens réciproques entre l’usage problématique du numérique et les symptômes de TDAH chez les enfants et adolescents.
Les enfants avec des symptômes de TDAH semblent plus susceptibles de développer un usage intensif ou problématique des médias numériques.
Par ailleurs, les médias numériques peuvent aggraver les symptômes de TDAH, soit par leurs caractéristiques intrinsèques (comme le zapping rapide), soit par des effets indirects (impact sur le sommeil et les relations sociales).
Cependant, les chercheurs soulignent que « des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ces associations complexes ».
Non, le TDAH n’affecte pas tout le monde…
Récemment, des contenus sur les réseaux sociaux prétendent diagnostiquer un TDAH chez leurs spectateurs.
« Il y a beaucoup de personnes qui s’identifient au TDAH, en faisant presque une part de leur identité, mais il est crucial de rappeler que c’est une maladie. Ce n’est pas simplement un trait de caractère ou une personnalité, mais une maladie neurodéveloppementale, c’est-à-dire un trouble qui accompagne la personne tout au long de sa croissance », rappelle Régis Lopez.
Ce regain d’intérêt pour le TDAH pourrait s’expliquer par l’évolution de la notion d’attention dans notre monde numérique, où nous sommes constamment sollicités par plusieurs tâches simultanément, avec une propension marquée à la procrastination.
Pour diagnostiquer un trouble de l’attention, il est essentiel de détecter une série de symptômes, classés en deux catégories : l’inattention et l’hyperactivité. Le TDAH est confirmé lorsque ces symptômes représentent un handicap significatif dans la vie quotidienne, entraînant souffrance et nécessité de consulter un professionnel.
Il est également crucial de démontrer que les symptômes du TDAH étaient présents depuis l’enfance.
« Si tant de personnes confondent différents troubles avec le TDAH, c’est parce que ce dernier est souvent associé à d’autres conditions, telles que l’anxiété, la dépression, une régulation émotionnelle défaillante ou des troubles du sommeil… » conclut Régis Lopez.
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