Pour la première fois, la France se joint à une étude internationale sur la littératie en santé, un domaine qui touche à la capacité et à la motivation des individus à comprendre et à utiliser les informations de santé. Quels obstacles les Français rencontrent-ils et quelles solutions peuvent être envisagées pour améliorer la situation ? Voici les principales découvertes de cette recherche.
Des difficultés pour un Français sur deux
Cette enquête, financée par Santé publique France et la Ligue contre le cancer, a été menée par trois entités : Santé publique France, le Sesstim (Sciences économiques et sociales de la santé & traitement de l’information médicale) sous l’égide de l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), ainsi que le Réflis, premier réseau francophone dédié à la littératie en santé.
L’enquête Health Literacy Survey (HLS 2020-2021), conduite en ligne, incluait deux questionnaires distribués en mai 2020 et janvier 2021, ciblant plus de 2000 adultes âgés de 18 à 75 ans vivant en France métropolitaine.
Le rapport final montre que 44,1 % des adultes éprouvent des difficultés pour accéder, comprendre, évaluer et appliquer les informations de santé. Parmi eux, 29,8 % ont un niveau considéré comme « problématique » et 14,3 % comme « inadéquat ».
Ce phénomène n’est pas unique à la France mais est aussi observé dans les 16 autres pays européens participant à l’enquête.
Analyse des différentes compétences en santé
Littératie en santé générale
La perception des difficultés varie grandement : entre 3,6 % et 40,5 % des sondés signalent des difficultés pour « savoir se protéger des maladies d’après les informations disponibles dans les médias ». Les principales difficultés sont liées à la protection contre les maladies et à l’évaluation des risques et bénéfices des traitements.
Navigation dans le système de santé
73,1 % des Français présentent un niveau insuffisant en matière de navigation dans le système de santé, dont 49,2 % avec un niveau inadéquat. Les défis sont notamment élevés pour « se défendre si les soins reçus ne correspondent pas aux attentes » (67,7 %) et pour « comprendre les réformes du système de santé en cours » (66,2 %). Les répondants expriment leur difficulté à se défendre et à critiquer les soins dans un contexte où la relation médecin-patient est souvent perçue comme paternaliste.
Capacités de communication avec les médecins
La difficulté ressentie varie entre 10,8 % et 25,9 % quand il s’agit « d’exprimer ses opinions et préférences personnelles à son médecin ». Pourtant, 50 % des participants affichent un niveau excellent. L’étude révèle que, malgré le manque de temps lors des consultations, les patients prennent le temps d’expliquer leurs problèmes et de poser des questions. Les difficultés sont plus marquées pour exprimer des choix personnels et participer aux décisions. À noter également que 20 % des sondés ont du mal à se souvenir des informations reçues.
Compétences en santé numérique
L’utilisation de la téléconsultation, des applications e-santé, des portails de santé et des réseaux sociaux pour discuter de questions de santé, ainsi que la détection de la désinformation médicale représentent un défi pour 72 % des Français qui ont un niveau limité de littératie en santé numérique, dont 52 % avec un niveau inadéquat et 20 % problématique. Le plus grand défi pour les sondés est d’identifier les intérêts commerciaux derrière les informations (69,2 %) et de juger la fiabilité des informations trouvées (64,8 %). Certaines populations, comme les personnes âgées, celles sans accès facile aux outils numériques ou avec un statut socioéconomique défavorisé, sont particulièrement désavantagées.
Perception de la médecine et de la recherche médicale
La confiance envers les médecins est très élevée en France, atteignant 92,6 %, mais elle diminue lorsque la littératie en santé est plus basse.
19,7 % des participants affirment avoir une bonne connaissance des essais cliniques, et l’opinion générale à leur égard est plutôt positive (65 %).
Des disparités sociales accentuées
En conclusion, l’étude met en lumière que les écarts de niveaux de littératie en santé sont principalement liés au statut social. Cette corrélation est encore plus prononcée en France que dans les autres nations participant à l’étude.
De plus, un bon niveau de littératie en santé est souvent associé à des comportements de santé plus sains (activité physique régulière, consommation quotidienne de fruits et légumes, IMC normal) et à un meilleur sentiment de santé.
Ces observations soulignent l’importance de prendre en compte les inégalités sociales dans l’élaboration des politiques de santé. Cela inclut le développement de dispositifs de soins, d’éducation et de promotion de la santé qui soient plus équitables et mieux adaptés.
L’enquête sera renouvelée en 2025, avec une exploration approfondie d’autres aspects tels que la gestion de l’information sur la vaccination et la santé mentale.
Article original publié sur Santé sur le Net, votre source d’information médicale de confiance.
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